vendredi 2 août 2013

Les sinistrés de Boyardville se rebiffent contre l'état

pdf Publié dans Le Littoral
le 02/08/2013
Ecrit par Florence Guilhem
Après trois ans et demi d’échanges avec les services de l’État et de propositions, l’Association pour la sauvegarde du site de Boyardville a décidé, en assemblée générale, le 28 juillet dernier, de changer sa stratégie. Après le dialogue, l’heure de l’action a sonné.

Ras-le-bol général des sinistrés de Xynthia, à Boyardville, face à un État inaudible.

Quand la méthode “douce” ne débouche sur rien, la méthode “forte” est le dernier recours. C’est ce virage à 1 80 ° que vient de prendre l’Association pour la sauvegarde des sites de Boyardville (ASSB), le 28 juillet dernier, lors de son assemblée générale, devant une bonne centaine de ses adhérents (417 à jour de leur cotisation, ndlr). L’association leur a en effet proposé d’organiser une marche silencieuse sur le pont de l’île d’Oléron, autour du week-end du 15 août.
"Jusque-là, l’association a toujours été soft dans ses démarches, précisait le président de l’ASSB, Olivier Schmit. Mais on ne voit toujours pas les protections de défense contre la mer se faire. On ne voit pas non plus les maisons achetées par l’État (40 à ce jour, ndlr) se déconstruire, ni aucun aménagement s’esquisser. Par ailleurs, Boyardville attend toujours la réponse du ministère de l’Écologie sur les 12 maisons et 5 appartements encore menacés par une expropriation. Comme cela ne va pas assez vite, nous vous proposons de manifester sur le pont d’Oléron lors d’un prochain week-end de grande affluence, comme celui du 15 août, par exemple.
Une fois la surprise passée, la plupart des adhérents se montraient enthousiastes et validaient la proposition. Une adhérente, Isabelle Baranez, faisait cependant remarquer que si la proposition était plus que tentante, une mobilisation sur le pont est illégale. Il faudra s’attendre à des arrestations et des gardes à vue.” Avant d’ajouter: “ Se faire entendre, oui, mais de façon légale, ce serait bien mieux ” . “ Nous sommes d’accord. Nous avons agi dans la légalité durant quarante mois, et cela n’a rien donné. Il nous faut maintenant obtenir du concret ”, répondait le président de l’ASSB. Pour contourner la difficulté, un adhérent proposait, lui, de tous se réunir sur le pont en vélo, et de le traverser dans les deux sens. Ralentis sement garanti, sans pour autant être dans une configuration de blocage du pont. L’ASSB décidait d’étudier cette piste, comme la date la plus opportune à arrêter. Affaire à suivre, donc. Il aura fallu trois ans et demi avant que l’ASSB ne se décide à intensifier son action. Petit retour en arrière. Depuis le passage de la tempête Xynthia, en février 2010, et la définition des zones de solidarité (ex-zones noires), l’association s’est évertuée à dialoguer avec l’État, en lui présentant des propositions pour sauver de la destruction les maisons et appatements menacés par une éventuelle expropriation, dans le respect de la doctrine nationale arrêtée. Si son combat a permis de restreindre le nombre de maisons vouées à être démolies (140 au départ), reste à ce jour 12 maisons et 5 appartements encore touchés par cette menace
Ce sont pour ces dernières propriétés que l’ASSB a repris son bâton de pèlerin afin de plaider son dossier auprès du ministre de l’Écologie d’alors, Delphine Batho, désignée après la victoire de François Hollande à la présidentielle de mai 2012. Une première réunion était fixée au ministère le 12 septembre 2012. Ce dernier promettait de dresser un état des lieux pour les maisons concernées. Aucune suite n’a jamais été donnée. Un deuxième round avait lieu au même ministère, le 24 janvier 2013
L’ASSB était alors accompagnée parle préfet de Charente-Maritime, Béatrice Abollivier, et le président de la Communauté de communes de l’île d’Oléron, Patrick Moquay. L’association présentait des propositions permettant aux derniers sinistrés de se mettre en sécurité, à leur frais. La directrice adjointe du cabinet de Delphine Batho s’engageait à communiquer, sous deux mois, les décisions de l’État. Silence radio à ce jour. 

  Les élus entrent dans la danse

L’association multiplie alors courriers et mails. En vain. Elle décide de faire entrer dans la danse les élus oléronais, à qui elle fait signer, en mai dernier, une lettre de soutien. Le député-maire de Royan, Didier Quentin, ainsi que le vice-président du Conseil général de Charente-Maritime, Jean-Paul Peyry, apposent également leur signature. Toujours rien. Le président du Conseil général, Dominique Bussereau, et les sénateurs Michel Doublet et Daniel Laurent, en font de même. Toujours rien.

Le 4 juillet, Didier Quentin envoyait un courrier au nouveau ministre de l’Écologie, Philippe Martin, désigné après l’éviction de Delphine Batho. Il semblerait que le député-maire ait obtenu que l’ASSB soit reçue en septembre, au ministère. Mais aucune confirmation de sa part n’est par venue à ce jour, à l’ASSB. En désespoir de cause, celle-ci vient de décider de changer sa stratégie, espérant que la médiatisation du dossier, grâce à la mobilisation sur le pont d’Oléron, changera la donne, tant au sujet des maisons et appartements sur lesquels pèse encore une menace d’expropriation que sur les travaux de défense àréaliser.
Article Ecrit par Florence Guilhem - Journal du Littoral du 02/08/2013

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